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les reflets de clochelune
19 juillet 2011

La Petite Fille et la Poésie


La Petite Fille et la Poésie (écrit en 1994)


Il était une fois, dans un je ne sais où, une petite fille. Cette petite fille voulait découvrir la Poésie, ce je ne sais quoi qui embellit la vie. Car tout était triste autour d’elle. Un voile d’ombres et de brumes l’entourait, un rideau de pluie et de larmes mêlés. Cette petite fille sans nom, ce je ne sais qui, avait dans le cœur une chanson, une mélodie qui l’accompagnait et la rendait plus gaie. Elle aurait voulu que tout fût gai autour d’elle, cela la rendait toute triste de voir un univers sans couleur, des ombres de vie. C’est pour ça qu’elle se disait : «je dois découvrir la Poésie, elle rendra l’univers plus beau, aussi beau que la chanson que j’ai dans le cœur.»

Elle errait dans un mystérieux manoir, happée par une sombre rêverie. Elle voulait partir au plus vite à la quête de ce trésor. Sa petite chanson si jolie l’aidait à vaincre la peur qui rôdait autour d’elle, cette monstrueuse bête qui voulait la retenir, déchirer ses ailes pour l’empêcher de voler. Car cette petite fille avait des ailes, des ailes invisibles mais la peur est un être maléfique qui voyait tout. La peur savait qui était cette petite fille et ce qu’elle recherchait, et à tout prix, elle devait la retenir. Mais elle ne pouvait rien contre la chanson qui émanait de la petite fille, cette chanson était magique et envoûtait la peur. Charmée, elle se dissipa et la petite fille put continuer son chemin, s’envola et transperça le manoir qui disparut à son tour, comme s’il n’avait jamais existé. A sa place une étoile était née. La petit fille la vit et la trouva si belle qu’elle l’embarqua sous ses ailes. Elle avait maintenant sa chanson et son étoile, une musique et une couleur qui éclairaient son parcours.

Après plusieurs jours de vol, elle vit un pays, un pays qu’elle ne comprenait pas, où tout était en ordre. Elle décida de s’y arrêter : «on ne sait jamais, je pourrai peut-être découvrir la Poésie dans cet endroit bizarre.» Ce royaume était gouverné par une méchante reine. Cette reine s’appelait Raison. Raison dirigeait tout, tous devaient lui obéir. Les êtres, les choses étaient modelés par raison. Tout semblait si froid, si ennuyeux, si gris. La petite fille chanta sa chanson, fit briller son étoile et déploya ses ailes. La reine écouta la chanson et vit l’étoile, elle se mit à rire et à voler à l’envers, son rire valdingua à travers le royaume et se transforma en un immense éclat de rire et de folie. La petite fille repartie avec ce fou rire. Elle était plein d’espoir et pensait bientôt rencontrer la poésie. Elle avait déjà beaucoup d’amis : sa chanson, son étoile, son rire fou. Elle savait qu’ils l’aideraient à trouver la Poésie et peut-être qu’ils l’aideraient à découvrir son prénom, ce prénom perdu.

Un jour, elle se trouva dans une contrée bruyante, pleine de sons qui lui étaient inconnus. C’était le royaume du langage structuré, le royaume de la prose. Elle chanta sa chanson mais les habitants ne la comprirent pas. Pourtant, ils aimaient la chanson et à leur tour, ils se mirent à chanter dans un langage qu’elle ne comprenait pas. Elle vit un chat qui l’adopta aussitôt. Ils se comprenaient, parlaient un langage muet. Le chat reconnut cette petite fille mais ne pouvait lui dire qui elle était. Elle seule devait le découvrir. Elle repartit avec le chat vers de nouveaux horizons, laissant ce brouhaha inintelligible derrière elle.

Ce chat étrange ne ressemblait à rien. C’était le gardien de la poésie, son symbole. Il avait les sept couleurs de l’arc-en-ciel. Son regard, son sourire avaient ce quelque chose d’ineffable qui hypnotisait la petite fille. Elle aimait ce chat magique et aurait voulu que la Poésie ressemblât à ce chat, à cet arc-en-ciel de sensations qui ronronnait dans son coeur. Elle donna l’étoile au chat pour faire briller son cœur, elle lui donna aussi le fou rire pour faire éclater son sourire.

Une sorcière les avait aperçus et elle était dans une colère aussi noire qu’elle. C’était une sorcière colérique, mal lunée. Evidemment, elle n’avait pas un cœur étoilé. Cette sorcière incarnait le mal, elle ne savait pas chanter et la chanson de la petite fille la fit frémir, ses dents grincèrent, ses poils se hérissèrent. Elle comprit qui était cette petit fille, elle sut immédiatement son prénom. La sorcière était cousine avec la Peur, elles étaient semblables. Elle voulut jeter un sort à la petite fille et au chat arc-en-ciel, mais elle ne put rien contre eux car la chanson toucha la sorcière et la métamorphosa en fée.

La petite fille demanda à la fée si elle savait où elle pourrait trouver la Poésie. La fée ne lui répondit pas mais lui offrit un miroir enchanté. La petite fille y aperçut un lac et un petit garçon triste. Elle remercia la fée et partit à la recherche de ce lac et de ce petit prince qui semblait si seul, qui semblait tout savoir.

Elle dût passer par le royaume des Adultes. Elle croyait voir la reine Raison et le roi Langage dans ce lieu de géants qui semblaient ne pas se rendre compte de sa présence. Ils virent le chat et le trouvèrent si bizarre qu’ils voulurent l’emprisonner pour l’examiner pour comprendre cet animal anormal. Tout devait être normal dans le royaume des Adultes, et s’ils ne comprenaient pas une chose mystérieuse, ils la disséquaient, l’étudiaient pour savoir à quoi ils avaient à faire. Mais le chat était rapide, et comme il ne ressemblait à rien, il se transformait à loisir. La petite fille n’avait même pas envie de chanter sa chanson pour des Adultes qui ne la remarquaient même pas, des Adultes qui voulaient faire du mal au chat arc-en-ciel. Elle repartit avec une infinie tristesse dans le coeur en pensant à ce monde d’apparences. Le chat lui offrit son plus beau fou rire, alors ils sourirent tous deux et partirent ensemble sur le dos d’un nuage, à la rencontre de la Poésie.

Le lac chanta en apercevant la petite fille et le chat. Ils descendirent de leur nuage. Le Petit Prince était là. Il pensait à son ami Antoine qui était reparti dans son avion. Il voulut jouer avec le chat. La petite fille regarda dans le lac, et là, elle découvrit la Poésie. Elle vit son image dans le miroir, le reflet dans le lac était le même. Elle comprit alors tout. Elle comprit qu’elle était la poésie, elle sut pourquoi elle avait perdu son prénom, que c’était elle-même qu’elle avait cherché. Elle savait. 

Elle sourit au Petit Prince qui la regarda, la prit par la main et se mit à rire. Le chat eût son plus beau fou rire et la poésie chanta. Le Petit Prince vit l’étoile dans le cœur du chat, il sut qu’il devait partir avec eux, c’était l’étoile de son ami Antoine. Le Petit Prince, la Poésie et le chat qui ne ressemblait à rien revinrent dans ce je ne sais où en noir et blanc pour embellir le monde avec leurs regards magiques, parfumer le monde de poésie avec leurs regards poétiques. 

Ils redonnèrent du souffle au monde avec leur Poésie, leurs regards, suivis par tous les enfants. Ils partirent avec leur folie, leur amour, leur poésie à la conquête de la Raison, à la métamorphose de l’Adulte, en semant leur poème. 

Juliette Clochelune (21 ans en  1994)


 




Juliette Clochelune

pour Francopolis mai 2011

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Commentaires
les reflets de clochelune
  • clochelune en ombres et reflets, miettes de miroir... bouts de vie, d'errance.... un grenier... sur quelle branche se poser ? l'escargot hésite d'une antenne puis de l'autre soulève la pluie la queue du chat trempe dans mon bol de thé ne le rév
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